Ca c’est une grande question !
Encore aujourd’hui je me le demande précisément.
J’aime l’art, j’aime tout de l’art.
Que ce soit musical, cinématographique, écrit ou dessiné, je suis sensible aux émotions que l’on ressent à travers ces petites choses qui nous aident à vivre, ou nous permettent de s’évader.
Mes parents m’ont éduqué dans cette ouverture d’esprit, dans la découverte des sens.
J’ai commencé par m’intéresser à l’art musical, en bonne bretonne que je suis j’ai appris la flûte irlandaise, puis la bombarde !
Certains diront que ce n’est pas un instrument de musique à cause de sa fréquence, et bien moi j’en suis sensible, certes c’est un instrument aigu, criard, ou strident, mais j’y trouve une certaine douceur, dans le souffle, dans le doigté… et quel accompagnement majestueux avec un orgue !
Le lien avec la photographie ? J’y viens.
Je me suis mise à vraiment zieuter l’art visuel à l’adolescence, vers 14, 15 ans.
J’avais un petit appareil numérique, je prenais beaucoup de paysages et d’animaux en photo. Il fallait bien commencer par quelque chose !
J’étais déjà sensible à la nudité, et ce qu’un corps peut dévoiler sur le caractère, la vie d’une personne, avec l’immaturité d’une ado.
J’ai eu mon premier boîtier à ma majorité, un Nikon D5100, avec deux objectifs.
Là j’ai vraiment commencé à prendre mon pied ! A essayé plein de choses, j’avais un univers beaucoup plus sombre et beaucoup plus dark qu’aujourd’hui, mais toujours avec une pointe poétique.
La photographie était vraiment une sorte de thérapie à mes yeux, d’extérioriser mes sentiments et émotions, parfois sur moi en auto-portrait, parfois sur mon entourage.
Je crois que j’ai pris conscience de l’importance de faire des photos et de les garder quand mes arrières grands parents m’ont montré des clichés d’eux et de ce qu’ils ont vécu. Comme si une petite voix me disait “ immortalise ces instants sinon tu vas les oublier avec le temps ”, et puis j’ai envie de les partager, à vous, à ma famille, aux prochains !
C’est un héritage en quelque sorte.
J’ai toujours été soutenue par mon entourage, j’ai appris toute seule cet art, parfois avec des conseils de gens extérieurs. J’ai nourri mes photographies de ce que je vivais et voyais au quotidien, et de ce que les personnes m’apportent.
J’ai aussi fait peur, il faut dire que j’aimais bien les trucs gores, et jouer avec du faux sang (par exemple), créer des univers sombres, qui pourraient s’assimiler à une personne qui ne va pas bien du tout dans sa peau. Mais ça va hein !
Je trouvais ça bien de ne rien faire comme les autres, d’être unique, de faire les choses à ma manière et de ne pas être conformiste (bon c’est encore le cas).
Puis les opportunités de travailler avec des inconnu(e)s sont arrivées, de discuter de projets. Ma timidité est partie, à force de papoter et de découvrir des personnes, on prend confiance en soi, on ose des choses !
Je me suis ouverte tel un papillon qui prend son envol (c’est beau) !
Je ne remercierai jamais assez les personnes qui m’ont fait confiance et qui m’ont suivi dans mes tests, dans mes idées loufoques, mais qui en général aboutissait à quelque chose.
J’ai réellement commencé la photographie de personnes, en faisant du nu.
Non pas de l’érotique, pas de vulguaire.
J’ai cherché ma patte, j’ai joué avec les matières, les lumières. J’ai testé pas mal de choses avec l’aide de ces personnes et de leurs corps pour créer ce que j’avais en tête.
Choses faîtes, j’ai réussi à faire ce que j’attendais avec la technicité que j’avais déjà assimilée.
J’avais, et j’ai encore, cette vision de la nudité comme de la pureté.
Je n’aime pas les vêtements, je n’aime pas le fait que l’on se cache derrière des marques, derrière des tissus, je n’aime pas que la société se serve de fringues pour juger les corps, les morphologies.
Alors que nu, on n’a rien à cacher, on a pas besoin d’être dans le « paraître », pour plaire, pour se plaire.
Et puis le travail est différent sur la peau. Quelle qu’elle soit, noire, blanche, avec des vergetures, des boutons… le corps retrace ta vie, et même si tu ne l’aimes pas, eh bien tu peux l’apprécier à travers la photographie, au moins cette dernière est vivante, avec du relief.
A travers la photographie de nu, j’ai, depuis le début, cherché à créer un monde de thérapie.
De la photo-thérapie.
Autant pour le/la modèle que pour moi, principalement pour moi au début, je l’avoue.
Voir d’autres morphologies, d’autres personnes appréhender leurs corps que moi même je ne savais le faire avec le mien, m’a apporté une acceptation de qui je suis (et fuck la société non ?).
Rien que pour ça, la photographie est vitale, sans elle je ne sais pas où j’en serai aujourd’hui, autant dans ma vie perso que pro.